Qualité biologique du sol et évolution du carbone organique du sol après 42 ans de pratiques agricoles biodynamiques, biologiques et conventionnelles
Cet article présente un point d’étape au bout de 42 ans de l’essai comparatif longue durée DOC ou DOK (bioDynamique, Organique / bio, Konventionnell / Conventionnel) par le FiBL en Suisse, sur sa grande valeur pour la recherche agronomique en général et en particulier pour la biodynamie.
L’essai DOC met souvent en lumière les nombreux avantages de l’agriculture biodynamique par rapport aux autres méthodes. https://www.fibl.org/en/locations/switzerland/departments/soil-sciences/bw-projekte/dok-trial (en anglais ou allemand)
Lien vers la publication en anglais : « Biological soil quality and soil organic carbon change in biodynamic, organic, and conventional farming systems after 42 years » https://doi.org/10.1007/s13593-022-00843-y
Traduction du Résumé
Les sols sont à la base de la vie sur Terre et la manière dont nous les gérons pour la production agricole a un impact sur leur rôle, leurs fonctions et leur qualité. L’agriculture conventionnelle utilise des intrants industriels à un niveau qui se justifie économiquement, tandis que les systèmes d’agriculture biologique évitent les engrais minéraux et les pesticides chimiques synthétiques. Cette étude examine l’effet à long terme des pratiques agricoles biologiques et conventionnelles sur la qualité des sols. L’essai DOK (bioDynamic, bioOrganic, Konventionell), mené depuis 1978 à Therwil (CH), compare des pratiques agricoles bioorganiques (BIOORG), biodynamiques (BIODYN) et conventionnelles (CONFYM) à deux intensités d’engrais de ferme correspondant à 0,7 et 1,4 Unité Gros Bétail Fumure (UGBF1) par hectare, avec une fertilisation entièrement minérale (CONMIN) et un témoin non fertilisé (NOFERT). Les traitements de l’essai DOK varient en termes de protection des plantes et d’apports de matières organiques spécifiques à chaque pratique, en quantité et en qualité. Avec ce travail, nous revisitons la dynamique du carbone organique du sol (COS) sur 42 ans et redéfinissons la perception précédente de la baisse des teneurs en COS après 21 ans de gestion biologique et conventionnelle (Fliessbach et al. 2007). Après 42 ans, nous avons constaté que les teneurs en SOC avaient augmenté dans BIODYN 1.4 et, dans une moindre mesure, dans BIOORG 1.4. CONFYM 1.4 a montré des teneurs en COS stables, tandis que les systèmes fertilisés avec du fumier de 0,7 UGBF et CONMIN ont perdu du COS. La perte de COS était la plus importante dans le système NOFERT. L’amélioration de la qualité biologique du sol dans le cadre d’une gestion biologique et particulièrement biodynamique met en évidence le lien étroit entre la biologie du sol et les changements de la teneur en COS. L’impact des pratiques agricoles sur le SOC a pu être détecté après deux décennies de gestion continue. Nous concluons que le recyclage du fumier à un niveau de 1,4 UGBF hectare permet de maintenir les niveaux de COS et que le compostage du fumier, tel qu’il est réalisé dans BIODYN 1.4, contribue à augmenter davantage les niveaux de COS et à améliorer la qualité biologique du sol.
- [NdT : Utilisé en Suisse, Unité de Gros Bétail Fumure, est une valeur calculée en fonction des éléments fertilisants qu’un animal excrète (Correspond à des déjections de 105 kg N et de 35 kg P2O5 soit la quantité d’éléments fertilisants produits par une vache de 600 kg avec un rendement laitier de 6000 kg. Les valeurs UGBF correspondent à la moyenne du pourcentage respectif de ces valeurs standard de N et P selon la formule (production de N/105 + production de P2O5 / 35) / 2. )] ↩︎