Introduction

Bien des points de vue s’expriment actuellement dans le monde biodynamique sur les composts et surtout sur la durée idéale de compostage.

D’un côté on trouve les partisans de durées de compostage très longues (plus d’un an) qui aboutissent à des composts trop mûrs, réduits à l’état de terreau. Ceux-ci sont faciles à épandre, mais ont souvent trop perdu d’azote. Ils ne sont plus capables de soutenir les processus végétatifs attendus. Ils accroissent la teneur du sol en matières organiques inertes, difficiles à ramener dans le cycle de l’humus vivant. Ils ont cependant un effet structurant.

D’un autre côté, il y a ceux qui vantent les effets de compost très jeunes (des fumiers assainis). Les retours d’expériences très négatifs de vignerons et de maraîchers doivent inciter à la prudence. Cette pratique ne peut être positive que dans quelques rares cas. On peut noter qu’un sol très vivant dispose d’une excellente capacité digestive et qu’il ne sera pas trop perturbé par de tels apports de compost assez jeune. On trouvera ci-dessous quelques articles qui confortent l’idée que les composts trop jeunes n’ont pas acquis toutes les qualités requises pour obtenir tous les bienfaits que l’on attend d’un compost.

Le point de vue de chercheurs réputés et l’expérience de nombreux praticiens montrent que les composts n’atteignent toutes leurs qualités qu’après trois mois de compostage. Avec l’introduction des préparations biodynamiques, ils conservent bien leur richesse en éléments minéraux en particulier l’azote. Ils atteignent une bonne formation d’humus de qualité quand ils ne sont pas soumis à des processus de lessivage et sont bien protégés par une épaisse couche de paille ou une bâche respirante de type top-tex.

«Un compost peut agir indirectement et directement sur la santé des plantes. Son action indirecte est due à son influence sur la structure du sol et sur son apport équilibré d’aliments nutritifs, en particulier les microéléments. Toutefois, l’action directe du compost sur la santé des plantes, due à sa microflore bénéfique, est la plus importante.» Jacques Fuchs FIBL BIOPHYT. SA

Cette action positive ne peut être obtenue qu’après un compostage d’une durée de 3 à 6 mois.

Les apports d’automne semblent plus positifs et moins handicapants pour les plantes en croissance. Cependant pour bénéficier aussi de toute la richesse de ces composts en éléments minéraux en particulier l’azote et la potasse, la vigne doit encore avoir un feuillage actif ou une couverture herbacée suffisante doit être en place. Les apports de printemps, selon la maturité du compost, peuvent avoir quelques fois des effets dépressifs ou plus souvent au contraire des effets de sur-stimulation favorable au développement des maladies cryptogamiques.

Les morphochromatographies peuvent être utilisées pour mieux comprendre les processus et les étapes du compostage (travaux de Sandberger et de Roland Ulrich). Il s’agit d’une de nos thématiques de recherche.

En viticulture biodynamique, nos expériences montrent que pour réguler le problème des carences en azote dans les moûts, il est préférable de pulvériser au stade nouaison et véraison la préparation biodynamique à base d’ortie à la dose de 10g par hectare dynamisée 20 minutes dans une trentaine de litres d’eau tiédie. En maraîchage et en arboriculture, les bienfaits des extraits végétaux à base d’ortie, de consoude et de luzerne, ne sont plus à démontrer.